Résidant

Photographie de gilles picarel realisée à Deulémont pour le projet Résidant avec l'association cédragir

Résidant
Deûlémont, 2015-2017
Photographie argentique

S’il n’y a d’extériorité que temporelle − hypothèse fondée sur le caractère mystérieux, insaisissable, imprévisible et inassumable de l’avenir − faire une photographie ne relèverait-il pas de la nécessité de s’éloigner de la question de l’être pour réaliser un devenir ? Dans cette perspective, Résidant expérimente le rapport entre l’individu et le végétal comme condition nécessaire à la réalisation d’une photographie d’autrui. Il tente également de s’inscrire dans le temps autre d’autrui dans le sens où cette temporalité ouvre à un univers de possible.

Réalisé du 12 décembre 2014 au 28 février 2017 au Centre de Traitement Résidentiel (CTR) Cèdre Bleu de l’association CedrAgir, Résidant travaille une esthétique de la verticalité et de la discontinuité temporelle. La tension verticale des variations d’intensité entre légèreté et pesanteur ou aérien et souterrain dépasse toute photographie du cela. Elle projette le médium au delà d’une conception continu du temps pour la mettre en rapport avec un temps autre, le temps des rythmes, de l’intensité et du devenir. Par ailleurs, en raison de la temporalité de l’arbre qui est radicalement séparée de celle de l’homme − du fait de son immensité − l’instant photographique accède à une expérience pleine et entière. Le temps infini de l’arbre conduit à faire l’épreuve d’un instant condensé et immobile qui irrigue à la fois l’instant vécue et l’instant photographique. La discontinuité temporelle de cette expérience à chaque instant renouvelée ouvre la photographie à un accroissement du temps, elle l’expose à la nouveauté et à l’imprévisible.