Ce livre s’appuie sur un Colloque international dirigé par Richard Spiteri, François Soulages et Gilles Picarel à l’Université de La Valette à Malte les 19 et 20 novembre 2016.
L’extériorité
Et si Flaubert se trompait ? Car son rêve est lourd de présupposés : d’une part il y aurait le monde, d’autre part on pourrait s’en emparer. Mais non seulement qu’est-ce que le monde ? Mais surtout le monde existe-t-il ?
Et s’il n’y avait pas le monde, mais l’immonde, le cosmos, mais le non-cosmos, l’univers, mais le pluri-vers ? Et si c’était impossible de statuer, de décider ? Et si cette antinomie de la raison pure avait comme nom extériorité ?
Mais l’extériorité en soi ou l’extériorité de quoi ou l’extériorité pour qui et pourquoi ?
Les mots nous manquent, les images aussi.
Le problème est philosophique, existentiel, humain ; il concerne au plus près chacun d’entre nous – Roquentin et sa racine nous le montrent bien, mais ne nous le démontrent pas. Alors, à problème philosophique, travail et traitement artistique où le montrer l’emporte sur le démontrer ? peut-être ? Mais peut-on dissocier philosophie et art dans cette confrontation à l’extériorité ? Et l’art, face à l’extériorité, ne donne pas des réponses, mais des questions, des interrogations, des problèmes ; et c’est bien.
Si, dans son corps à corps avec l’extériorité, plutôt que dans son face-à-face, l’art nous offre une éclaircie, on comprend alors mieux ce que peut être l’art : la lutte pour, avec et contre l’extériorité. Peut-être qu’ainsi l’art crée un monde, un cosmos, un univers : avancée ou bien retour au problème de l’extériorité, éternel retour ?
Gilles Picarel, François Soulages, (codir.), Art & extériorité, Paris, L’Harmattan, coll. Eidos, 2017